Et si la publicité s’intégrait vraiment dans nos voitures ?
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Avec l’arrivée des écrans XXL et des services connectés, la voiture devient un nouvel espace numérique. Une place que la publicité pourrait bientôt occuper. Reste à savoir si cette évolution améliorera l’expérience… ou si elle transformera nos trajets en espace marketing permanent.
La voiture : nouvelle cible des publicitaires ?
Il suffit d’ouvrir la porte d’un véhicule récent pour comprendre : les voitures sont devenues de véritables ordinateurs roulants, et le tableau de bord un espace d’affichage à fort potentiel.
Entre les écrans XXL de Tesla, les tableaux de bord immersifs de BMW, les interfaces d’Android Automotive ou encore le futur Apple CarPlay 2.0, l’habitacle n’a jamais été aussi connecté.
Dans ce contexte, l’idée d’intégrer des publicités dans l’infodivertissement apparaît presque comme une évidence. D’ailleurs, certains signaux sont déjà là :
- Tesla diffuse déjà du contenu sponsorisé dans sa plateforme vidéo lorsque le véhicule est à l’arrêt.
- Google, via Android Automotive, ouvre la voie à des applications tierces… et donc potentiellement à des formats publicitaires intégrés.
- Mercedes et BMW multiplient les services d’abonnement, un modèle où la publicité pourrait réduire la facture.
Pour cause, la voiture est le dernier écran que les marques n’ont pas encore conquis et cela attire beaucoup de monde.
Les constructeurs passent à l’offensive.
Aucune marque n’a officiellement annoncé “la pub dans les voitures”. Mais tout le monde s’y intéresse.
Tesla est souvent citée : ses écrans sont devenus de véritables centres multimédia, proposant jeux, streaming, contenus interactifs. Une architecture qui ressemble beaucoup à un environnement prêt à accueillir de la publicité ciblée.
BMW et Mercedes, de leur côté, travaillent sur des services connectés à la carte, des options activables ou des abonnements spécifiques à certaines fonctionnalités.
Certains analystes imaginent déjà un scénario où des versions moins chères d’abonnements pourraient être financées par la publicité, comme ce qui existe sur Netflix ou Spotify.
Enfin, Google tient une place stratégique avec Android Automotive, directement intégré dans les véhicules. L’entreprise vit de la publicité : voir arriver des formats sponsorisés dans certaines applications n’aurait donc rien de surprenant.
Publicité ciblée : et si vos données de conduite valaient de l’or ?
L’autre facette, plus sensible, du débat, ce sont les données générées par les voitures connectées : vitesse, trajets, habitudes, horaires de déplacement, météo, navigation, arrêts…
Pour beaucoup d’acteurs du numérique, ces informations sont une mine d’or.
Exemple :
Vous roulez sur une route de montagne → une pub pour des chaînes neige apparaît.
Il est 19h → suggestion d'un restaurant en drive sur votre trajet.
Votre niveau de carburant baisse → annonce d’une station-service partenaire.
Une logique déjà présente dans nos smartphones, mais qui prendrait ici une nouvelle dimension… car la voiture sait où vous êtes, mais aussi comment vous roulez.
Reste une question essentielle : où placer la frontière entre service utile et ciblage intrusif ?
Pub vs sécurité : le vrai problème.
Le principal enjeu reste celui de la sécurité.
Les réglementations européennes sont strictes : impossible de diffuser des contenus susceptibles de distraire le conducteur lorsque le véhicule est en mouvement.
Ce qui laisse trois possibilités :
- Affichage uniquement à l’arrêt (parkings, recharges, embouteillages).
- Publicités audio, proches du modèle radio intelligent.
- Notifications contextuelles ultra-discrètes, liées à la navigation.
Mais là encore, la question de la saturation se pose.
On connaît déjà la fatigue générée par les alertes sur les smartphones : dans une voiture, ce risque est amplifié. Personne n’a envie d’un habitacle transformé en panneau publicitaire permanent.
Payer moins, être ciblé plus : un compromis acceptable ?
L’idée n’est pas uniquement négative.
Si certains constructeurs explorent cette voie, c’est aussi pour proposer :
- des abonnements moins chers grâce à un modèle “ad-supported*”
- des services gratuits (navigation premium, streaming, wifi)
- des contenus utiles selon la route (carburant, météo, restauration, entretien)
En clair, une réduction du coût d’usage… mais au prix d’une monétisation de l’attention.
Reste à savoir si les conducteurs sont prêts à accepter que leurs trajets deviennent une donnée marketing, ou même un espace publicitaire à part entière.
Pub dans les voitures : futur inévitable ou dérive en marche ?
À mesure que les véhicules deviennent des “devices*”, la frontière avec nos smartphones s’estompe.
Et avec elle, celle entre confort numérique et exploitation commerciale.
Pour certains, c’est une évolution logique : après tout, si la voiture est connectée, pourquoi ne pas personnaliser les services, quitte à les financer grâce à la publicité ?
Pour d’autres, c’est une dérive, si l’habitacle devient un écran comme un autre, perd-on quelque chose de cette bulle de tranquillité qu’il représente encore ?
*ad-supported = financé par la publicité
*devices = appareil électronique