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16 Oct 2025

Voitures modernes : sécurité ou perte de vigilance au volant ?

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Capteurs, caméras, freinage d’urgence ou maintien dans la voie : les voitures modernes redoublent d’assistances pour rendre nos trajets plus sûrs. Mais à force de déléguer nos réflexes à la technologie, ne risquons-nous pas d’oublier ce que signifie vraiment conduire ?

La voiture moderne : un copilote bienveillant (parfois trop)

Chaque génération de voiture semble promettre un peu plus de sérénité que la précédente. Aujourd’hui, l’automobile est devenue un véritable concentré de technologie embarquée : capteurs ultrasoniques, radars, caméras à 360°, reconnaissance des panneaux de signalisation, voire conduite semi-autonome sur autoroute.
Ces dispositifs, regroupés sous le terme ADAS (Advanced Driver Assistance Systems), visent avant tout la sécurité. Ils corrigent nos erreurs, anticipent nos oublis et réagissent parfois plus vite que nous.

Difficile de ne pas s’y attacher. Qui n’a jamais été soulagé en voyant son freinage d’urgence s’activer pour éviter un accrochage, ou en utilisant le régulateur adaptatif lors d’un long trajet ? Ces aides soulagent le conducteur d’une partie de la charge mentale, rendant la conduite plus fluide et moins stressante. Mais à force de tout nous simplifier, le risque est de transformer ce copilote bienveillant en véritable pilote de substitution.

Quand la confiance devient dépendance

Une étude menée par la AAA Foundation for Traffic Safety* révélait déjà que 60 % des conducteurs équipés d’ADAS “oublient parfois qu’ils doivent rester attentifs”.
En France, le baromètre AXA Prévention 2024 indique qu’un automobiliste sur deux admet “faire moins attention” depuis qu’il dispose d’aides actives à la conduite.

Ces chiffres traduisent un phénomène bien connu des psychologues : le biais de confiance. Plus un système paraît fiable, plus nous avons tendance à lui déléguer notre attention. Résultat : le conducteur se relâche, les temps de réaction s’allongent, et l’erreur devient plus probable lorsque la technologie atteint ses limites.

Certains experts parlent même de “délégation du risque”. Autrement dit : si la voiture est capable d’éviter le danger, pourquoi devrions-nous rester sur nos gardes ?
Le paradoxe est là : plus la voiture est sûre, moins le conducteur l’est.
C’est ce qu’illustre aussi une étude d’Axios : les utilisateurs réguliers des systèmes d’assistance développent une forme de “confiance passive”, qui conduit à une baisse de vigilance notable.

La responsabilité : toujours au conducteur ?

C’est là que la loi est implacable. Même si votre voiture gère la vitesse, freine d’elle-même ou maintient sa trajectoire, la responsabilité juridique reste la vôtre. En cas d’accident, c’est bien le conducteur humain qui est considéré comme décisionnaire.

Les constructeurs le rappellent clairement : les systèmes d’aide sont une assistance, pas un remplacement. Pourtant, avec la montée en puissance des voitures semi-autonomes, la frontière devient floue. Qui est fautif lorsqu’un véhicule “intelligent” réagit mal ?
Ces dilemmes éthiques et juridiques seront au cœur des débats des prochaines années, surtout à mesure que les intelligences embarquées prennent plus d’initiatives.

Réapprendre à conduire à l’ère des voitures intelligentes

Le défi, désormais, n’est pas de freiner le progrès, mais d’en réapprendre les codes.
Les technologies d’aide à la conduite ne sont pas un problème en soi, c’est leur usage qui l’est. Une formation adaptée, une meilleure compréhension des limites du système et un rappel constant de notre rôle de conducteur pourraient suffire à rétablir l’équilibre.

Certaines initiatives émergent déjà. Des programmes de conduite préventive s’intéressent à la relation homme-machine : apprendre à “cohabiter” avec la technologie, sans s’y soumettre.

Conduire, finalement, reste un acte humain : une attention, une décision, une responsabilité.

La voiture moderne n’est pas en train de nous voler notre liberté, mais elle bouscule notre rapport à la route.
Entre confort et vigilance, sécurité et confiance aveugle, tout l’enjeu sera de rester acteur de nos trajets dans un monde où l’automatisation s’impose de plus en plus.

 

*Fondation pour la sureté du trafic automobile

Certaines images d’illustration ont été générées à l’aide d’une intelligence artificielle.